Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/83

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reine, et la lune faisait étinceler le fer des baïonnettes. Toutes les cloches sonnaient. Le cri aux armes ! répété de bouche en bouche le long des faubourgs, y produisit comme un soudain embrasement. Les fenêtres se garnirent d’insurgés. Forcés de ramper sous le feu des assaillants, à travers d’innombrables barricades que l’artillerie ne suffisait pas à renverser, les troupes arrivèrent enfin a Montessuy, attristées, haletantes, tramant leurs canons et portant leurs blessés. Le général Fleury avait reçu une balle, et vu tomber à ses pieds son aide-de-camp mortellement frappé. La lutte fut sanglante dans ce faubourg, mais la guerre civile venait d’y frapper ses dernières victimes, et d’y pousser son dernier cri.

Cependant, l’autorité qui avait son siège à l’Hôtel-de-Ville hésitait, épouvantée. Autour du quartier des Terreaux s’élevait une rumeur orageuse. Le préfet et les membres de la municipalité lyonnaise résolurent de se retirer à leur tour, et de se rendre à l’hôtel de la préfecture, ou ils rédigèrent la déclaration suivante qui n’a jamais été publiée, et qui était comme le testament du pouvoir à l’agonie :

« Cejourd’hui mercredi vingt-trois novembre mil huit cent trente-un, deux heures du matin ;

Nous, soussignés, réunis à l’hôtel de la préfecture, déclarons et certifions les faits suivants :

1o Qu’à la suite des événements funestes qui ont eu lieu dans la ville pendant les journées des 21 et 22 de ce mois, toutes les forces militaires de toute arme, celles de la gendarmerie et de la garde nationale sous le commandement du lieutenant-général