Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/88

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peu accepter leur influence. Adroits courtisans d’une souveraineté qu’ils ne caressaient que pour la détruire, ils fraternisaient avec les ouvriers, et n’épargnaient rien pour désigner à leurs soupçons les hommes politiques qui prétendaient au partage du pouvoir insurrectionnel. Ils disaient qu’il était au moins étrange que Pérénon et ses complices eussent placé au bas d’une protestation factieuse la signature de braves et loyaux ouvriers, sur lesquels on appelait ainsi, dans un intérêt égoïste, un blâme flétrissant, et, peut-être, d’inexorables vengeances ; qu’il y avait là tout à la fois un faux et une trahison, et que les signataires se devaient de protester avec vigueur.

Animés par ces discours, Lacombe, Frédéric, Charpentier, Lachapelle, se plaignirent, en effet, avec beaucoup d’amertume, de l’usage qu’on avait fait de leurs noms, et des débats orageux s’élevèrent dans l’Hôtel-de-Ville. Vers la fin du jour, un affreux désordre y régnait. Rosset, qui était allé chercher des partisans, s’y présente tout-à-coup à la tête d’une bande d’hommes armés. Il éclate en menaces contre l’ancienne autorité municipale, que représentait seul en ce moment M. Etienne Gautier. Puis, s’adressant aux chefs des ouvriers, il leur reproche d’abandonner la cause du peuple qui leur était confiée. Le maire et le préfet ne sont plus rien, s’écrie Dervieux à son tour : le peuple seul commande aujourd’hui ; il a le droit de choisir ses chefs. Debout sur un fauteuil, M. Etienne Gautier cherchait à dominer cette scène tumultueuse, et adjurait la foule de rester fidèle à