Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/87

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la main. Ils apportaient la proclamation que Pérénon avait rédigée et demandaient avec menaces le désarmement de la première légion. M. Dumolard fit bonne contenance, et s’entoura aussitôt des ouvriers influents qu’il avait convoqués le matin même. Là, dans un discours à la fois véhément et pathétique, il eut l’art de leur persuader à eux, chefs naturels d’une armée de prolétaires, victorieuse et encore frémissante, que des institutions politiques sous l’empire desquelles rien ne les protégeait contre la faim, méritaient néanmoins tout leur respect et tout leur amour. Ils crurent cela, sans doute ; car ils signèrent à l’instant même la protestation suivante, témoignage immortel de l’imprévoyance et de la légèreté des peuples :

« Lyonnais,

Nous, soussignés, chefs de sections, protestons tous hautement contre le placard tendant à méconnaître l’autorité légitime, qui vient d’être publié et affiché avec les signatures de Lacombe, syndic ; Charpentier, Frédéric, Lachapelle.

Nous invitons tous les bons ouvriers à se réunir à nous, ainsi que toutes les classes de la société, qui sont amis de la paix et de l’union qui doit exister entre tous les vrais Français.

Lyon, le 23 novembre 1831.

Signé : Roverdino, Bouvery, Falconnet, Blanchet, Berthelier, Biollay, Carrier, Bonard, Labory, Bret, B. Jacob, Charnier, Niel, Buffard, Picaud, Farcet. »

Les efforts du préfet étaient, d’ailleurs, merveilleusement secondés par l’action de l’autorité municipale. MM. Boisset et Gautier s’étaient de bonne heure établis à l’Hôtel-de-Ville, pour y faire peu-à-