Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/134

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sept membres de la Société des Droits de l’Homme, montra mieux encore combien la lutte était implacable, combien les cœurs étaient ulcérés. Les vingt-sept comparaissaient devant la Cour d’Assises, sous la prévention d’avoir formé, lors du dernier anniversaire des trois journées, un complot contre la sûreté de l’État. Les témoins entendus, M. Delapalme commence son réquisitoire. Il discute les faits généraux de l’accusation, et, bientôt, examinant les doctrines des prévenus, il leur reproche d’avoir demandé la loi agraire. L’injustice de cette accusation était flagrante, et, après les débats qui duraient depuis si long-temps, rien ne pouvait servir d’excuse à une pareille calomnie. Un frémissement d’indignation parcourt le banc des prévenus, et, se levant tout-à-coup, un témoin s’écrie d’une voix forte : « Tu en as menti, misérable ! » A ces mots, une confusion inexprimable règne dans l’assemblée. On demande le coupable. « C’est moi, dit M. Vignerte. » Et les accusés de s’écrier : « C’est bien, Vignerte ! Il a raison, nous pensons comme lui. Accusez-nous, frappez-nous, mais ne nous calomniez pas. » M. Vignerte est conduit au pied de la Cour ainsi qu’un autre membre de son parti, M. Petit-Jean. Le président à celui-ci : « Est-ce vous qui avez interrompu M. l’avocat général ? – Non. – Pourquoi vous a-t-on arrêté ? – Parce que je pense comme M. Vignerte. Ce qu’a dit l’accusateur public est faux. Nous avons nos bras pour travailler et ne voulons de la propriété de personne. » Se tournant alors vers M. Vignerte : « Est-ce vous, lui dit le président, qui avez prononcé ces paroles :