riser ? Pourquoi les avait-on vues se réunir à la Russie pour anéantir, dans le guet-à-pens de Navarin, la marine turque, et accélérer par l’émancipation de la Grèce le démembrement définitif de l’empire ottoman ? Pourquoi enfin avaient-elles si vivement applaudi aux victoires qui avaient poussé les Moscovites au pied des Balkans et dicté ce traité d’Andrinople, testament imposé à la race turque ? Chose étrange ! c’était après avoir toléré, secondé, la marche triomphante des Russes vers Constantinople, que l’Europe occidentale s’apercevait de la nécessité de conserver entre les mains du sultan la double clef de la Méditerranée et de la mer Noire ! Ceux-là même qui avaient appuyé l’épée russe sur le flanc de la Turquie, demandaient à la Turquie de vivre, pour que l’équilibre européen ne fut pas trop violemment rompu L’inconséquence était monstrueuse.
L’équilibre de l’Europe par l’intégrité de l’empire ottoman n’était donc plus qu’un vain mot. Le vent du nord qui, dans ces parages, souffle huit mois de l’année sur douze, poussait irrésistiblement les Russes vers Constantinople. Le statu quo oriental ne retardait leur conquête que pour mieux l’assurer[1].
Mais si l’empire ottoman ne pouvait être sauvé par
- ↑ Le seul moyen, pour la France, de raffermir, en 1830, l’empire des sultans, eût été de tirer l’épée contre les Russes, en armant Constantinople et en prêtant appui à Varsovie soulevée. Mais si on ne voulait pas du système qui eût opposé à la ligue de toutes les Puissances principales, la France s’appuyant sur toutes les Puissances secondaires système plein de périls mais plein de grandeur, l’unique parti à prendre pour détruire les traités de Vienne et conserver à la France le rang qui lui convient, était celui que nous proposons dans ce chapitre.