tinuateur de l’œuvre commencée sur les bords du Nil par le vainqueur des Pyramides, que le vicaire oriental de Napoléon il était naturel qu’elle cherchât à consolider son influence au Caire et à Alexandrie, pour étendre le long des rives méridionales de la Méditerranée cette souveraineté nouvelle dont la prise d’Alger venait de fixer le point de départ et le centre.
Cependant, pour peu que la France eût approfondi la situation, elle aurait vu que les créations de Méhémet-Ali reposaient sur la plus odieuse, la plus dévorante tyrannie qui fut jamais ; que, pour recruter une armée, il avait eu recours à la presse des jeunes gens, et n’avait pu traîner les malheureux fellahs sous ses étendards que les mains liées derrière le dos et la chaîne au cou ; qu’il avait dû, pour se former un trésor, non-seulement établir, en matière d’impôts, un abominable système de solidarité, mais encore se substituer, lui tout seul, à la nation égyptienne tout entière, se rendant ainsi l’unique propriétaire, l’unique industriel, l’unique commerçant de l’Égypte, monopole gigantesque qui avait fait du gouvernement un chaos, de l’administration un pillage organisé, et de chaque cultivateur égyptien une machine souffrante surveillée par un soldat. La splendeur dont Méhémet-Ali se montrait entouré ne cachait donc que misère et ruines. A force de pressurer, d’exténuer la population, il en avait extrait de quoi jeter un vif éclat ; mais il se trouvait avoir escompté, au profit de quelques années, les ressources de plusieurs générations successives. Toute la vitalité d’une race s’était épuisée à faire