Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/154

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faisant suite à celle de Henri IV, de Richelieu et de Napoléon, consistait à contracter avec la Russie et la Prusse, contre l’Angleterre et l’Autriche, une alliance d’intérêts ayant pour résultats voulus et prévus : rétablissement définitif des Russes à Constantinople et la consécration de leur prépondérance en Asie ; l’établissement de la France en Syrie et en Égypte et la consécration de sa prépondérance sur la Méditerranée devenue un lac français ; la reconstitution du royaume de Pologne, avec adjonction de la Galicie ; l’agrandissement de la Prusse aux dépens de l’Autriche, pour prix de la ligne du Rhin cédée à la France ; et, comme conséquence nécessaire de la ruine de l’Autriche, l’indépendance de l’Italie.

Ce plan, tout en fournissant pour la guerre des ressources incalculables, revenait à faire de la France la protectrice de toutes les Puissances secondaires Injustement opprimées, et de la Russie elle-même l’instrument intéressé de leur affranchissement. Combattre l’Angleterre, n’était-ce pas sauver l’Irlande et venger le Portugal ? Combattre l’Autriche, n’était-ce pas relever la nationalité italienne ? Obtenir la ligne du Rhin, n’était-ce pas substituer, pour les Belges, une association toute fraternelle à un asservissement odieux ? Amener la Russie à accepter, pour la Pologne rendue à l’indépendance, les plus magnifiques dédommagements, n’était-ce pas du même coup pourvoir à la sécurité de l’Europe et remplir le devoir de reconnaissance qui nous était imposé ?

Donc, ici, la guerre d’intérêts se trouvait asso-