Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/155

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ciée, par la seule force des choses, à la guerre de principes[1].

Il est à remarquer aussi, et nous insistons sur ce point, — que le plan qui vient d’être exposé n’aurait eu rien de forcé, rien d’arbitraire. Car il découlait du mouvement naturel des peuples et il se combinait avec les tendances générales dans chaque partie de l’Europe. N’y avait-il pas, en effet, tendance logique et presque irrésistible : de la France à s’étendre sur la Méditerranée, de la Russie à occuper Constantinople, de la Prusse à donner une tête à l’Allemagne reconstituée, de la Belgique

  1. On objectera peut-être au système que nous venons d’exposer qu’il eût été fort étrange de préférer, après la révolution de juillet, l’alliance d’un despote à celle d’une monarchie constitutionnelle, et d’une monarchie constitutionnelle par qui cette révolution avait été ardemment applaudie, Certes, plus que personne nous estimons et admirons, pour peu qu’on le sépare de son gouvernement ce grand peuple de l’Angleterre. Mais franchement, nous ne voyons pas pourquoi nous sympathiserions avec le régime constitutionnel anglais qui consacre la plus exécrable tyrannie qui ait jamais existé. Quel lien politique y a-t-il entre une nation qui comme la nôtre, a consenti pour extirper le régime aristocratique, à passer par toutes les convulsions de la plus formidable anarchie, à s’épuiser par une guerre-sans exemple et sans nom, à se noyer à demi dans le sang de l’Europe et dans son propre sang… et une nation qui, comme la nation anglaise, ne vit que des excès et des usurpations permanentes de l’aristocratie ? Avons-nous sitôt oublié que c’est contre les principes de notre immortelle révolution que l’Angleterre a poussé tout le continent dont elle seule salariait la colère ?

    Et quant à l’accueil fait en Angleterre à la révolution de juillet, depuis quand de pareilles manifestations sont-elles décisives aux yeux d’un homme d’État Lorsque la question belge s’est présentée, la sympathie des Anglais pour notre révolution les a-t-elle empêchés de faire obstacle à nos prétentions même les plus légitimes ? Et n’ont-ils pas tout mis en œuvre pour faire faire revivre, à notre détriment, autant qu’il était possible, la pensée de défiance et de haine qui, en 1815, avait présidé à la formation du Royaume des Pays-Bas ?

    S’imaginer que la Russie eût repoussée une alliance d’intérêts, éminemment favorable pour elle, et cela par zèle monarchique, alors surtout qu’elle avait si peu de chose à craindre de la propagande de nos idées, c’est une véritable puérilité.