Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/171

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mieux les consonnances françaises. Le tangage d’Ibrahim ne démentit pas la politique qu’indiquaient ces adroites prévenances. Le fils de Méhémet-Ali s’étendit sur les sentiments d’affection et de reconnaissance qu’il nourrissait pour le peuple de Napoléon. « Les Égyptiens, dit-il à plusieurs reprises, sont les enfants des Français. » Tout au contraire. il se montra fort animé contre les Russes, et, avec cet esprit de vanterie qui le caractérisait, il manifesta le désir de mesurer ses forces contre eux. Il parla du sultan, de ses tentatives de réforme de sa soumission à la Russie, de son gouvernement, avec un singulier mélange de compassion et d’insulte. Son père, c’était son dieu. Seulement, il lui reprochait, mais sur le ton du plus profond respect, d’avoir employé une partie des trésors de l’Égypte à construire une flotte qui, quoiqu’on fît, ne serait jamais en état de tenir la mer contre la marine européenne. « L’Égypte, disait-il avec raison, ne saurait être une puissance maritime puisque tous les éléments d’une véritable force navale lui manquent. L’intérieur des terres, voilà notre vrai champ de bataille. » M. de Varennes étant entré en matière sur l’objet de son voyage à Kutaya, Ibrahim commença par couper court à toute discussion, en déclarant qu’il n’était que l’exécuteur docile des ordres de son père. Or, Mehémet-Ali demandait plus que la Syrie ; il demandait le pachalik de Diarbékir, les districts d’Itchyla et d’Alaya, et, surtout le pachalik d’Adana, c’est-à-dire un pied dans l’Asie-Mineure. De telles prétentions étaient exorbitantes : M. de Varennes les combattit avec fermeté. Mais