Ibrahim lui opposa une obstination qui semblait invincible.
Découragé et irrité, le négociateur français fut au moment de rompre la négociation et de quitter Kutaya : Les prières de Réchid-Bey le retinrent. De son côté, Ibrahim consentit enfin 1° à renoncer aux districts d’Itchyla et d’Alaya ; 2° à remettre à des arrangements ultérieurs le sort du pachalik de Diarbékir. Relativement à la cession d’Adana, il fut intraitable. Ce pachalik était comme une porte ouverte sur l’Asie-Mineure, il complétait le système de défense de la Syrie, et, de plus, il produisait en abondance dés bois de construction, ressource précieuse pour les chantiers de Méhémet-Ali.
Dans une dernière conférence, M. de Varennes employa tout, jusqu’à la menace, pour faire céder Ibrahim. Il avait remarqué, dans le cours des précédentes discussions, que le mot protocole, prononcé devant le fils de Méhémet-Ali, suffisait pour le faire tressaillir : il s’attacha donc à lui mettre sous les yeux, comme conséquence inévitable de son obstination à abuser de la victoire, les protocoles de l’Europe occidentale coalisée contre l’ambition du pacha d’Egypte ; il fit plus : il lui rappela Navarin ! Pendant que M. de Varennes parlait, Ibrahim faisait des efforts visibles pour mettre un frein à sa colère ; le sang lui était monté au visage il avait l’œil en feu ; et toute son attitude trahissait la violence des sentiments dont il était agité. Il parvint néanmoins à se contenir, mais il demeura inébranlable ; et, sur le dernier point en discussion, M. de Varennes dut fléchir.