Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/216

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portait sa signature et l’énergique empreinte de son talent. Que signifiait donc cette accumulation de mystères ? Et comment le nom du roi se trouvait-il mêlé à une querelle qu’on n’avait su étouffer que dans le sang ?

La Cour était mise en demeure de se défendre. Un article rédigé au château, et par un écrivain dévoué à la famille royale, fut publié dans le Journal des Débats. On y repoussait l’attaque avec beaucoup de véhémence, et tous ceux dont le Journal des Débats, représentait l’opinion politique applaudirent. Quelle apparence que le roi se fût fait le provocateur invisible d’un’duel ! Quelle apparence que le plus honnête homme du royaume, le plus intéressé à la conciliation des esprits, qu’un prince ennemi du duel, de là peine de mort, de tous les préjugés qui coûtent du sang, fût descendu, pour faire couler le sang, au rôle d’entremetteur d’intrigues ! M. Bugeaud, qui était un soldat et un homme violent, avait-il besoin qu’on lui apprît à ressentir une offense ? Et lorsque son ressentiment s’expliquait d’une manière si naturelle, on s’acharnait à imaginer une trame aussi absurde qu’odieuse ! M. de Rumigny était intervenu : eh qu’y avait-il là de surprenant ? M. de Rumigny n’était-il pas l’ami du général Bugeaud, son collègue, son compagnon d’armes ? M. de Rumigny, de service au château le jour du duel, ne pouvait s’absenter sans la permission du roi son tort était de l’avoir fait ; mais une infraction disciplinaire de l’aide-de-camp était-elle imputable au monarque ? Le roi n’avait rien su du duel que lorsqu’il n’y avait déjà plus qu’à en déplo-