l’ancienne à toute association partagée en sections de moins de vingt personnes. L’article 291 n’atteignait que les réunions périodiques : la loi nouvelle ne tenait nul compte de la périodicité. L’article 291 ne menaçait que les chefs des associations contrevenantes : la loi nouvelle pesait sur tous les associés sans distinction. Enfin, par une éclatante dérogation à la Charte, les infractions à la loi nouvelle et à l’article 291 étaient déférées, non au jury, mais aux tribunaux correctionnels.
Ce fut le 11 mars que s’engagea cette discussion célèbre qui devait aboutir à une guerre civile. Pas un cœur qui ne fut rempli de trouble, pas un visage qui ne portât les traces d’une vive anxiété. Il était impossible, on le savait, qu’à une loi semblable, si elle était votée, la Société des Droits de l’Homme ne répondît point par des coups de fusil. Aussi M. de Ludre excita-t-il dans l’assemblée plus d’émotion que d’étonnement, lorsqu’il laissa tomber du haut de la tribune ces paroles audacieuses et terribles : « La Société des Droits de l’Homme ne fera pas d’émeutes mais si elle n’était décidée à attendre que la volonté de la France se manifeste, le nombre et le courage de ses membres lui permettraient peut-être de livrer une bataille… » Voilà par quelle déclaration les débats s’ouvrirent ! Ils portèrent d’abord sur des attaques personnelles. On se montrait, assis au banc ministériel, trois hommes, dont l’un (M. de Broglie) avait ouvert son hôtel, sous la Restauration, à la Société des Amis de la Presse, dont l’autre (M.Guizot) avait dirigé la Société aide-toi le Ciel t’aidera, dont un troisième (M. Barthe) avait