Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/266

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Les membres du comité demandent qu’on se forme en assemblée. Une salle de concert reçoit tous les assistants, on ferme les portes, et M. Martin monte sur une espèce de tribune, pour haranguer les plus fougueux d’entre les sectionnaires. Il leur représente que rien n’est prêt pour un combat sérieux ; que provoquer la lutte serait précipiter la ruine du parti ; que la patience aussi est du courage ; qu’il faut craindre de briser par une impatience brutale les relations déjà nouées entre le comité de Lyon et ceux des villes voisines. Il leur apprend ensuite le voyage de M. Albert, et leur donne lecture de plusieurs lettres arrivées la veille, dont une signée Maximilien. Elle était admirable d’énergie et de sagesse. La prudence et la modération y étaient recommandées comme les vertus les plus nécessaires aux républicains. M. Martin n’eut garde d’en faire connaître l’auteur. C’était Buonarroti. Le même esprit régnait dans une chaleureuse adhésion de M. Ménand, ancien procureur du roi à Châlons-sur-Saône, et dans les autres lettres, qui toutes promettaient, pour les circonstances ordinaires, un concours actif mais réfléchi. Un pareil langage ne répondait guère aux passions de l’assemblée. MM. Bertholon et Baune surviennent. Et, comme le mécontentement des plus indociles s’exhalait en menaces, M. Baune prend la parole à son tour. Il déclare que le comité ne fléchira pas ; que les chefs de section en révolte seront cassés ; et qu’on saura leur répondre, s’il le faut, selon l’usage des gens de cœur lorsqu’ils sont offensés. L’énergie du comité le sauva ; et la plupart des chefs de section se laissèrent ramener. Poussés