haine plutôt que celles du péril. Quelque invraisemblables que soient, par leur gravité même, de pareilles accusations, qu’il n’est presque jamais possible d’appuyer sur une démonstration officielle, les faits, on doit le reconnaître, ne sont pas de nature à les démentir. Il est certain que la Croix-Rousse eût été bien plus promptement apaisée, sans les excitations perfides d’un nommé Picot, fourbe qui se cherchait des complices pour les aller trahir et dont l’impunité fit scandale. Il est également certain que, dans la caserne du Bon-Pasteur, abandonnée par les troupes sans aucun motif apparent, les insurgés trouvèrent une cinquantaine de fusils, dont il semblait qu’on leur eut ménage la conquête. Mais quoi ! dans la nuit du 10 au 11, le fort Saint-Irénée, que l’insurrection ne menaçait pas, fut évacué comme l’avait été, dans la journée, la caserne du Bon-Pasteur, et l’on y laissa deux pièces de canon si mal enclouées, que, le lendemain, les insurgés purent, après un travail de quelques minutes, les transporter à Fourvières, d’où ils se mirent à tirer sur la place Bellecour… avec des morceaux de fer et de la poudre séchée au soleil !
Quoi qu’il en soit, la lutte s’était ranimée le 11 avec les mêmes circonstances et le même caractère. Mais le 12, il devint tout-à-fait manifeste que, pour dominer la ville, l’armée n’avait plus qu’à le vouloir. Alors seulement, on se décide à un vigoureux effort ; et tandis qu’on occupe la Guillotière, qui n’était pas défendue, le faubourg de Vaise, qui ne l’était guère davantage, est impétueusement envahi. Là furent commis des actes de barbarie dont notre