Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/292

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plume hésite à retracer l’image. Un coup de fusil ayant été tiré, rue Projetée, devant la maison du cabaretier Chagner, les soldats s’élancent dans cette maison, décidés à faire main-basse sur tous ceux qui l’habitent. Un vieillard de 74 ans, nommé Meunier, était au lit ; on lui tire dessus, et de si près, que le feu prend aux couvertures ; il respirait encore, on l’achève d’un coup de hache. Claude Combe qui veillait au chevet de son frère mourant, est traîné dans la rue et fusillé. Jean Claude Passinge, précipité par la fenêtre, est assommé sur le pavé à coups de crosse. Les soldats égorgent Prost et Lauvergnat, après les avoir liés dos à dos, en souvenir sans doute des hideux mariages d’une autre époque. Un homme paisible, nommé Dieudonné, fut trouvé dans sa chambre, tenant dans ses bras son fils âgé de cinq ans. A l’aspect des soldats furieux, le pauvre enfant criait : « Ne tuez point papa ! » Mais le père, violemment séparé de son fils, est poussé au pied de l’escalier. L’officier donnant le signal du meurtre : « Laissez, lui dit un soldat, laissez cet homme pour élever son enfant. » Il achevait à peine, que déjà l’officier avait plongé son épée dans la poitrine du malheureux père de famille. Abrégeons, abrégeons cette énumération lamentable, et n’épuisons pas le courage qu’il nous faut pour parcourir la route sanglante qui commence à Lyon dans le faubourg de Vaise et doit finir à Paris dans la rue Transnonain. Seize victimes innocentes faites dans 1 espace de quelques minutes, seize assassinats, tels furent les effets de la direction imprimée au mouvement répressif.