Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/293

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Il ne restait plus qu’a emporter le quartier des Cordeliers. Deux compagnies, soutenues par du canon, attaquent les barricades, et, après une lutte acharnée, les enlèvent. Les insurgés occupaient encore l’église des Cordeliers : les portes s’ébranlent, elles sont enfoncées… Quel spectacle ! un sergent, noir de poudre, est là qui anime les siens au carnage et commande le feu. Une décharge terrible fait résonner ces voûtes accoutumées au bruit des cantiques pieux. C’est en vain que des prêtres, ministres d’un Dieu de miséricorde, demandent grâce pour les vaincus ; il n’y a pas de pitié dans les guerres civiles. Parmi les insurgés, ceux-ci s’abritent derrière les colonnes, ceux-là s’enfoncent dans l’ombre des chapelles latérales ; d’autres font monter vers le ciel des hymnes de liberté, des chants lugubres, et semblent vouloir se bercer dans les bras de la mort. Il y en eut un qui, debout sur les marches les plus élevées de l’autel, les bras croisés sur sa poitrine, le visage rayonnant et le regard plein d’un amer délire, s’écria : « Voici le moment de mourir pour la patrie ! » L’âme de ce jeune homme avait déjà pris son vol éternel, quand, percé de coups, son corps tomba au pied de l’autel du sacrifice. Bientôt, des flaques de sang couvrirent les dalles du temple, et l’on y compta onze cadavres.

Le jour suivant, les derniers débris de l’insurrection disparurent des hauteurs, et une proclamation en informa les habitants. La ville de Lyon était pacifiée !

Ainsi, le faubourg de Vaise venait d’avoir ses