Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/304

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tempête qui grondait partout s’était moins promptement dissipée. Il y eut aussi quelque chose de fort alarmant pour le pouvoir dans l’attitude d’Arbois. Maîtres de la ville, les républicains se disposaient déjà à en défendre vigoureusement les approches, et leur résistance aurait eu des suites redoutables, pour peu qu’elle eût été soutenue. il n’en fut rien, et le mouvement tomba de lui-même.

Il est temps de dire quelle était, au milieu de cet ébranlement universel, la situation de Paris. Suivant une vieille et déplorable habitude de mauvaise foi, chaque parti avait donné aux événements de Lyon, avant qu’on en connût l’issue, la couleur de ses espérances ou de ses craintes ; et tandis que les ennemis du pouvoir exagéraient la gravité du péril pour encourager les esprits à la révolte, le Moniteur, renchérissant sur les plus grossiers mensonges, le Moniteur osait, dans son numéro du 12, publier ce qui suit : « A quatre heures, mercredi » (mercredi, c’était le 9), « l’action était finie. Quelques coups de fusil retentissaient çà et là dans les petites rues du centre de la ville. Les troupes étaient au repos. »

Mais ce jour-là 12 avril (1834), M. Thiers courut démentira à la tribune les triomphantes assertions de la feuille officielle, et, soit imprudence, soit calcul, il s’écria que le lieutenant-général Aymar occupait à Lyon une position inexpugnable, ce qui supposait que l’insurrection avait l’offensive. Si le mot fut dit pour épouvanter la classe bourgeoise et l’associer par la peur aux mesures sinistres qu’on méditait, il eut un succès incontestable. Jamais assemblée