Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/305

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n’avait éprouvé un tel saisissement. Les efforts même de M. Thiers pour atténuer l’impression produite, ne firent, selon l’usage, que la rendre plus profonde. On s’interrogeait du regard ; on échangeait de mutuelles angoisses : c’était Catilina aux portes de Rome.

Bientôt le mot fatal vole au dehors de bouche en bouche, et quelques membres du comité des Droits de l’Homme apprennent de M. Marchais le résultat de la séance. L’hésitation leur était-elle permise ? Ne s’étaient-ils pas engagés à venir en aide aux Lyonnais par une diversion énergique ? Et devaient-ils s’abstenir, alors qu’un concours inexorable de circonstances les sollicitait, les poussait à tenter la fortune des armes ? Ils ne pensèrent pas qu’il fût de leur honneur de reculer. Une proclamation est rédigée à la hâte. Mais en supprimant avec violence la Tribune, M. Thiers venait d’anéantir le Moniteur de l’insurrection ; un arrêté brutal dépouillait de son brevet d’imprimeur M. Mie, déjà éprouvé par de courageux sacrifices à la cause républicaine ; M. Marrast était forcé de se soustraire à un mandat d’arrêt lancé contre lui ; et, dans Paris, pas un imprimeur qui ne fût glacé d’effroi. ! I fallut porter la proclamation au National ; et elle y eut paru le lendemain, si Armand Carrel eût moins écouté les défiances qu’avaient toujours nourries son âme aussi incertaine qu’héroïque. De sorte qu’on touchait à une crise, et la pensée insurrectionnelle manquait d’organe dans un pays où il n’est donné qu’à la presse de déchaîner les révolutions qui réussissent !

Autre cause d’impuissance pour le parti républi-