Les uns, tels que le maréchal Paskewitch, le prince Wolkonski, le ministre de la guerre Tchernichef, apportaient dans leurs préoccupations nationales un esprit exclusif et violent : c’étaient de vrais Russes. Les autres, tels que MM. de Nesselrode, Orloff et Bekendorf, auraient désiré qu’en toute chose on tînt compte de l’état de l’Europe, et qu’on fît, autant que possible, cause commune avec elle. C’étaient les Russes adoucis et polis par le contact de la diplomatie des différentes Cours. Nicolas penchait du côté des premiers : les seconds trouvaient un auxiliaire dans l’ambassadeur français ; et, comme son importance secondait leurs vues, loin de s’étudier l’amoindrir, ils s efforçaient de la rendre plus grande encore par une déférence calculée aux opinions du maréchal.
La situation de l’ambassade française à Madrid était beaucoup moins difficile à maintenir.
M. Zéa-Bermudez ne dirigeait plus les affaires d’Espagne : il était tombé devant la réprobation dont avaient publiquement frappé son système deux capitaines généraux, Llander et Quesada.
Lorsque cet événement eut lieu, M. Martinez de la Rosa vivait à peu de distance de Madrid, caché dans l’ombre d’une retraite studieuse, et, du sein de ses loisirs littéraires, suivant d’un œil inquiet les destinées de son pays. Poète, il n’était pas sans avoir marqué dans la politique, où il apporta cette élégance d’esprit, cette haine des brutalités de la force, que donne le culte honnête des muses. Admirable de probité, mais timide ; amant de la liberté pourvu qu’on lui permît de la traiter avec défiance ; con-