Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/336

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sémonville fut châtié, à son tour ; et les ministres vainqueurs trouvèrent plaisant de lui donner pour successeur dans la dignité de grand-référendaire de la Chambre des pairs ce même M. Decazes qu’avait retenu à Paris son imprudente inimitié.

Les journaux de l’Opposition s’épuisèrent en vaines conjectures sur les causes de la retraite du maréchal Soult, retraite dont on n’avait eu garde de livrer le secret aux commentaires de la malignité des partis. Interrogée par la polémique, la presse ministérielle motiva sans scrupule la démission du vieux guerrier sur le dépérissement de sa santé, résultat de ses fatigues. La vérité est qu’il fut renversé par ses collègues. Sa haine contre les doctrinaires s’en accrut ; et M. Thiers, sur lequel il avait un instant compté, lui étant devenu particulièrement odieux, des propos pleins de fiel témoignèrent de son ressentiment.

M. Thiers n’avait pas trop présumé de son influence sur le maréchal Gérard. Il finit par l’entraîner dans le conseil, où l’attendait la place de son ancien compagnon d’armes. On était au 18 juillet 1834. Le maréchal Gérard ne se sentait aucun goût pour le pouvoir il se décida par l’espoir d’honorer son passage aux affaires en faisant décréter une amnistie générale. M. Thiers lui laissa entrevoir que ses désirs à ce sujet pourraient être réalisés ; mais aucun engagement positif ne fut pris et il n’y eut pas de délai assigné. Or, ici commence une série de complications plus curieuses encore et plus instructives que celles dont nous venons d’esquisser la physionomie.