Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/356

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infecte, s’y virent condamnés au supplice de coucher côte à côte avec des voleurs et des assassins. Arrêté à Lyon pour avoir dit que jamais il ne tournerait ses armes contre les hommes du peuple, ses frères, un soldat du 57e fut traîné jusqu’à Périgueux, attaché à la queue d’un cheval. Un membre de la Société des Droits de l’Homme, M. Poujol, était au lit où le retenaient, depuis quelque temps, des souffrances cruelles, lorsque les agents chargés de son arrestation se présentèrent. « Je ne réponds pas de la vie de mon malade pendant le transport à la prison, » s’écria le médecin saisi d’effroi. Efforts inutiles ! M. Poujol fut conduit à la prison de Roanne, étendu sur un brancard.

On juge de ce que devait être, au plus fort d’une telle réaction et de ses emportements, le régime des prisons. Un détenu politique, vaincu par l’excès de ses maux, se laissa mourir de faim. Un autre fut tué d’un coup de fusil par un factionnaire, au moment où il s’approchait des barreaux— de sa fenêtre, pour lire une lettre qu’il venait de recevoir de sa famille. Quinze jours d’emprisonnement, c’est à, cela que se réduisit la punition du meurtrier ! Encore si le glaive qui les menaçait n’était pas resté si longtemps suspendu sur la tête des prisonniers ! Mais de quelle amertume ne devait pas être gonflé le cœur de ceux qui, certains d’être reconnus innocents quand le jour de la justice se lèverait pour eux, étaient réduits, en attendant, à souffrir toutes les tortures de la plus longue détention préventive qui fut jamais Et combien aisément l’amertume devait se changer en désespoir chez ceux qui, uniques sou-