toyen dont la maison avait été désignée ! En son absence, à quelque heure que ce fût, et sur les plus frivoles indices, sa demeure était envahie par des nuées d’agents. Enfoncer les portes, briser les serrures, forcer les meubles, fouiller dans les papiers de famille, livrer à l’impure curiosité d’espions grossiers les plus naïfs épanchements de la pensée et les doux secrets du cœur, tout cela n’était qu’un jeu. A Lyon à Rouen, à Niort, dans le département de Saône-et-Loire, les visites domiciliaires se firent avec un faste incroyable de violence et d’oppression. A Paris, on avait signalé à la police la maison d’un citoyen nommé Pichonnier. Lui absent, des sergents de ville accourent, et l’on procède aux perquisitions les plus minutieuses. En ce moment, un ami du maître de la maison, M. Mugner, se présente. On l’interroge. Il répond qu’il est venu rendre visite à son ami. On redouble de questions, et comme il hésite étonné, on se jette sur lui et on le traîne en prison. Il y resta au secret pendant plusieurs jours, en attendant qu’on voulût bien reconnaître son innocence. Il avait une femme et deux enfants que son travail nourrissait !
Il serait trop long de citer tous les faits du même genre que nous avons recueillis. Jamais l’arbitraire n’avait à ce point multiplié ses coups. Et que dire du mode suivi pour les arrestations et les translations ? Victimes de conjectures vraies ou fausses, les malheureux contre qui la commission des neuf lançait la foudre de ses mandats, étaient aussitôt dirigés sur Paris, la chaîne au cou ; et il y en eut qui, plongés dans des cachots, sur une paille humide et