Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/366

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politiques arrêtées ; nous savions comment on peut reconquérir la liberté perdue, nous ne savions pas assez comment on se préserve de la perdre de nouveau ; aussi ne nous reste-t-il de nos conquêtes de juillet qu’un emblême, le drapeau tricolore, qu’un mot, la souveraineté nationale, et un immortel exemple à nous rappeler pour ne désespérer jamais d’une grande et sainte cause.

Imprudents et jeunes que nous étions le lendemain de la victoire ! Nous avions les yeux fixés devant nous, et nous ne songions pas à garantir notre point de départ ; nous nous avancions à la conquête de réformes nouvelles, nous nous précipitions à la découverte d’un avenir glorieux et inconnu et lorsqu’on nous signalait les doctrines et les hommes de la Restauration sortant de la boue sanglante dans laquelle nous les avions ensevelis et se reformant en bataillons sur nos derrières, nous haussions les épaules de pitié. Quand on nous montrait les archives de police, le grimoire procédurier des vieux parlements, les décrets du comité de salut public et d’inquisition impériale, sur lesquels travaillaient jour et nuit les légistes du nouvel ordre de choses ; quand on nous disait : il y a dans cette montagne de paperasses de quoi étouffer toutes les libertés du genre humain, tous les droits de la pensée, toutes les généreuses inspirations du cœur, nous n’avions qu’une réponse, réponse juste d’abord, mais devenue triviale à force d’avoir été démentie par les faits, nous disions ils n’oseront pas ! … le