de tous les blessés au pouvoir. » Il citait ensuite ces paroles par lesquelles un autre de ses anciens collaborateurs au National, M. Thiers, avait flétri la Chambre des pairs en 1830 « MM. les pairs n’ont évidement d’autre soin que d’observer la fortune, pour voir de quel côté elle se décidera à passer… Il faut de la vigueur avec tous ces poltrons. » Suivant l’orateur, la violence de ces attaques, émanées de M. Mignet, maintenant conseiller d’État et de M. Thiers, maintenant ministre, n’avait jamais été, depuis, dépassée. « Pour nous, ajouta-t-il, nous n’avons pas cherché les occasions de renouveler ces hostilités qu’on nous reproche aujourd’hui comme systématiques. Ces occasions, on nous les a données à souhait, en s’obstinant à maintenir les hypocrites douleurs du 21 janvier, à rejeter les droits des militaires des cent-jours, à repousser la loi du divorce deux fois inutilement votée par la Chambre élective, et, ce qui a paru le comble du mauvais-vouloir, en opposant une inébranlable fin de non-recevoir à la révision du procès du maréchal Ney. » À ce nom, une légère agitation se manifeste dans l’assemblée. Le public des tribunes redouble d’attention. Chacun reste comme en suspens. « Ici je m’arrête, continue Armand Carrel, par respect pour une glorieuse et lamentable mémoire. Je n’ai pas mission de dire s’il était plus facile de légaliser la sentence de mort que la révision d’une procédure inique. Les temps ont prononcé. Aujourd’hui le juge a plus besoin de réhabilitation que la victime… » Le président, debout et alarmé : « Défenseur, vous
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