Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/380

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donné sa démission de président du Conseil et de ministre de la guerre. Il était temps de prendre un parti. Afin de dissiper les ombrages de M. Thiers, on lui proposa un portefeuille pour M. Mignet, son meilleur ami. C’était lui donner deux voix dans le Cabinet. Mais M. Mignet préféra le calme de sa vie littéraire aux orages de la politique. Et ce refus blessa le roi. Car, en présence du pouvoir offert, c’est une supériorité que le dédain.

Pendant que tout cela se passait dans l’ombre qui protège d’ordinaire ces sortes d’intrigues, on se perdait, au dehors, en conjectures. La crise se prolongeant, la curiosité publique était devenue impérieuse la presse était aux écoutes ; la Chambre, échauffée par le tiers-parti, s’irritait d’un si long interrègne. Ce fut au milieu de cette agitation des esprits qu’arriva le 11 mars (1835), jour fixé pour les interpellations de M. de Sade, annoncées dès le 7. La séance fut très-animée, très-orageuse ; mais les ministres, ainsi qu’on devait s’y attendre, éludèrent toute explication. Quelques paroles solennelles de MM. de Sade et Odilon-Barrot sur le discrédit dont des crises semblables frappaient le régime constitutionnel, une vigoureuse sortie de M. Mauguin contre le mystère dont le pouvoir s’enveloppait, des allusions pleines de sel et de bon goût dirigées par M. Garnier-Pagès contre le personnage auguste dont le nom n’était prononcé par personne, quoiqu’il fût dans la pensée de chacun, voilà tout ce que produisit la discussion.

Mais à l’accueil qui lui fut fait par la majorité, M. Thiers put juger du mécontentement qu’exci-