emportés dominaient le débat et couvraient du bruit de leurs motions les voix les plus respectables. Il arriva donc qu’un profond sentiment d’inquiétude et de trouble s’empara d’un certain nombre de défenseurs, et, entre autres, de MM. Jules Favre, Saint-Romme, Ledru-Rollin. S’exagérant le mauvais côté du drame joué sous leurs yeux, ils crurent toucher au chaos, et ils firent tous leurs efforts pour ramener aux proportions d’un procès judiciaire, ce qui, dans l’opinion de l’immense majorité des défenseurs, devait avoir la portée d’une lutte politique.
Cependant, le jour décisif approchait. Les accusés lyonnais avaient été transférés de Lyon à Paris où la conciergerie leur était donnée pour prison tandis qu’on renfermait à l’Abbaye les accusés de Lunéville. Le gouvernement n’ignorait pas dans quel champ-clos les républicains prétendaient l’attirer. Après avoir accumulé fautes sur fautes et scandales sur scandales, pour agrandir outre mesure sa victoire et frapper dans les accusés l’ensemble du parti républicain il se sentit tout-à-coup glacé d’effroi à l’aspect de ce parti s’avançant en masse pour soutenir le combat. Le 20 mars (1835), M. Pasquier, président de la Cour des pairs, décida que des avocats d’office seraient imposés aux accusés, et le lendemain, M. Félix Faure se rendit à Ste-Pélagie, où il signifia cette décision aux captifs, pris séparément. Ainsi l’on en était venu à violer le droit de défense, ce droit que, dans des sociétés en décadence, avaient respecté des tyrans !
Les accusés protestèrent avec énergie, et ils écri-