Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/408

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Il ne restait plus qu’à envoyer des commissaires aux accusés de Lyon, pour leur apprendre le résultat de la délibération des défenseurs. L’assemblée nomma M. Jules Favre et deux de ses adversaires MM. Michel (de Bourges) et Dupont. On ne pouvait lui opposer de plus rudes jouteurs.

Doué d’une éloquence sauvage, qui se mariait en lui à une grande pénétration, M. Michel (de Bourges) possédait tout d’un tribun l’accent, le geste, le regard, les inspirations soudaines, les apostrophes véhémentes et imprévues.

Quant à M. Dupont, sa voix avait sur les républicains une irrésistible autorité ; et sur ceux du parti contraire, elle était souvent d’un effet terrible. Partisan de toutes les mesures qui demandaient beaucoup de générosité et de courage, nul mieux que lui ne savait les faire triompher par la logique, par l’ironie, par l’invective, par l’emportement. On redoutait son mépris —et la brutalité même de sa parole était toujours applaudie, tant il y avait dans le sentiment qui l’inspirait d’intrépidité, d’abnégation et de noblesse !

On touchait au 5 mai (1835), jour fixé pour l’ouverture des débats ; et, de leurs prisons respectives, les accusés des différentes catégories venaient d’être transférés dans la prison du Luxembourg, plus voisine du lieu où ils devaient être jugés. Le 4 mai, MM. Dupont, Michel (de Bourges) et Favre se rendirent dans le quartier assigné aux Lyonnais ; et là les deux premiers exposèrent, sous la présidence de M. Baune, ce que la réunion des défenseurs avait décidé ; mais, comme ils s’étendaient sur les motifs