Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/418

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bien faire agréer à la Cour mes excuses de ce que je ne puis continuer à siéger dans le procès dont elle est actuellement saisie. Mes motifs sont dans l’arrêt qu’elle vient de rendre… Sans doute il faut que force reste à la justice ; mais n’est-ce pas la force seule qui triomphe, quand, par l’absence des formes, il n’y a véritablement plus de justice régulière ? Ce n’est pas faiblesse à mon avis, de s’arrêter lorsqu’on ne marche plus avec la loi. »

En se réservant la faculté de séparer, à l’audience, ceux que l’accusation s’était étudié cependant à réunir, pour l’échafaud, la prison ou l’exil, la Cour des pairs cherchait à mettre à profit leurs divisions, qu’on prenait soin, depuis quelque temps, d’entretenir et d’envenimer. Le ministère n’ignorait pas que, parmi les prévenus de Lyon il y avait des hommes étrangers aux préoccupations politiques, soldats de hasard que l’insurrection n’avait recrutés qu’en passant, et auxquels il serait facile de faire accepter le procès, pour peu qu’on les enlevât à l’influence de leurs co-accusés. D’actives manœuvres furent pratiquées en vue de ce résultat, et l’on disposa les choses de manière à tirer parti des plus dociles. Dans l’audience du 9, en effet, la lecture de l’acte d’accusation ayant été de nouveau interrompue, on fit sortir de la salle tous les prévenus, et l’on n’en ramena que 29 appartenant à la catégorie de Lyon, et qu’on croyait moins fermes dans leurs projets de résistance. Mais, à l’égard de l’un d’eux, M. Lagrange, on s’était singulièrement trompé. M ne fut pas plus tôt assis, qu’il demanda la parole pour protester, et M. Pasquier la lui refusant, « je la prends,