Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/47

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le prix. Toutes les tentatives ayant échoué, et la princesse préférant à la honte de céder le malheur d’accoucher dans la citadelle, on ne songea plus qu’aux moyens de rendre inévitable l’appareil dont on se proposait d’entourer son accouchement. Mais ne préviendrait-elle pas les solennités formidables auxquelles on la condamnait, en se faisant avorter ? C’est ce que le gouvernement craignait, outrageant la prisonnière par ces suppositions, aussi absurdes que cruelles. La vérité est que, loin d’avoir ouvert son esprit à une telle pensée, elle manifesta l’intention de nourrir son enfant. Or, comme elle n’avait nourri ni le duc de Bordeaux ni la princesse Louise, il était facile de prévoir que ce rapprochement, fait à Prague et dans le monde, donnerait lieu à de fâcheuses interprétations. Aussi Mme d’Hautefort n’hésita-t-elle pas à combattre le désir de Marie-Caroline. Représentations et prières, tout fut inutile. MM. Gintrac, Ménière et Deneux ayant déclaré que la princesse devait nourrir son enfant, dans l’intérêt même de sa santé, elle en témoigna une grande joie, et demanda qu’on fit venir de Paris en toute hâte les objets nécessaires. Elle ne pouvait donner aux craintes qui la calomniaient un démenti plus formel : n’importe ; on s’abaissa, pour prévenir un délit imaginaire, à des précautions dont l’apparente sagesse n’était que folie et qu’insulte. Bien que les croisées fussent garnies de barreaux, et fermées, dans leur partie inférieure, par des demi-persiennes parfaitement fixées, il fut question d’y placer des treillis de fer, de peur sans doute qu’en faisant passer l’enfant à travers les