barreaux, on ne détruisît la preuve matérielle de la grossesse. Le génie de l’espionnage alla plus loin. Mais il faut s’arrêter ici : quand la politique ose tout, tout raconter est impossible ; et, dans ce cas, le silence n’est que la pudeur de l’histoire.
La duchesse de Berri pouvait mesurer enfin la portée de son malheur. Vouée à des humiliations sans exemple et le cœur abreuvé d’amertume, il ne lui restait plus rien à expier. Dans les premiers temps de sa captivité elle avait eu du moins quelques consolations, et il ne lui avait pas été interdit de donner le change à ses chagrins. Elle se prenait à oublier la rigueur de sa destinée lorsque, du haut du rempart assigné à ses promenades, elle suivait de l’œil le bateau à vapeur qui, chaque matin, va de Bordeaux à Blaye ; ou bien, lorsque dans la plaine qui, à certains jours, réunit les, habitants de ces deux villes, elle apercevait un salut de fidélité ou reconnaissait au passage un courtisan de son infortune présente. Mais, depuis le commencement du mois d’avril, elle avait vu s’éteindre même ces rapides lueurs de joie. Livrée à de lentes souffrances, elle ne sortait presque plus de son appartement, et vivait tout entière dans les soins dont l’entouraient ses compagnons de captivité. Heureuse encore si, dans son abaissement, elle n’avait pas eu à lutter sans cesse contre les exigences ou l’emportement de ses gardiens !
Le 24 avril, le général Bugeaud entra chez elle tenant à la main un rouleau de papier. C’était une sorte de procès-verbal de ce qui devait se passer au moment de l’accouchement. On y désignait comme