Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/65

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intervention avait été sans résultat. Charles X prétendait que, d’après la loi française, Marie-Caroline ne pouvait rester tutrice ; il voyait de grandes difficultés à ce que la princesse se rendît à Prague avant qu’on eût réglé les conditions de son mariage, tant à l’égard du père de son mari qu’à l’égard du roi de Naples son frère, et il exigeait qu’elle ne vînt embrasser ses enfants qu’après avoir séjourné quelque temps en Sicile avec le comte Luchesi Palli ; enfin, il paraissait décidé à ne rien changer à l’éducation du duc de Bordeaux et à subir jusqu’au bout l’influence de MM. de Blacas, de Damas et de Latil.

De fait, Marie-Caroline ne fut pas plutôt en Sicile, qu’elle s’y vit retenue en quelque sorte comme prisonnière. Pour aller à Naples auprès du roi son frère, il lui fallut pour ainsi dire entrer en négociation ; et, si l’interdiction fut enfin levée, ce fut grâce au zèle infatigable de M. de Choulot. De Naples, la princesse, devenue Mme Luchesi Palli, partit pour Rome, où le pape lui fit l’accueil le plus empressé ; puis elle gagna Florence. Là, elle retrouva quelques personnes d’un dévoûment éprouvé : M. et Mme de Podenas, M. d’Haussez, Mlle de Fauveau. Son parti était pris. Elle voulait, quoiqu’il advint, se rapprocher de la frontière autrichienne, entraînée qu’elle était vers ses enfants par un désir qui ne calculait pas les obstacles. Car les esprits à Prague étaient fortement aigris contre elle. On lui reprochait son expédition en Vendée hautement désapprouvée par M. de Blacas et tentée sans l’assentiment de l’Autriche ; on lui reprochait sa folle confiance, sa précipitation, son orgueilleuse ardeur à