Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/71

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taient groupés autour de Marie-Caroline. On n’était guère capable de comprendre à Prague les sentiments exprimés avec tant de noblesse par M. de Chateaubriand dans les lignes que nous venons de citer. L’auteur du Génie du christianisme fut éloigné du fils : il n’avait rien obtenu pour la mère.

Après un séjour assez long à Venise et bien des difficultés, Marie-Caroline reçut des passe-ports pour l’Allemagne. Mais on voulait qu’elle y parût en fugitive et dans un état presque complet d’abandon. Le nombre des passe-ports lui fut mesuré avec une défiance avare. Quand elle quitta Venise pour aller à Léoben, quatre personnes seulement l’accompagnaient : M. et Mme de Saint-Priest, MM. Podenas et Sala. En humiliant Marie-Caroline, Charles X ne voyait pas que c’était la légitimité même qu’il exposait à la risée de l’Europe. Mais les hommes seraient trop malheureux, si leur obstination à servir n’était pas quelquefois égalée par la folie de ceux qu’ils servent.

A Léoben, l’entrevue fut froide et réservée. Charles X était entouré de MM. de Blacas, de Damas, de Montbel. Marie-Caroline parla de son fils, de l’éducation, de la majorité : on eut l’air de ne pas la comprendre. Quelques jeunes français, échappés de Prague, MM. de Bruc, Walsh, de Seran, étaient parvenus à traverser la ville : on feignit de croire que la duchesse de Berri avait l’intention de faire enlever ses enfants. La séparation de la famille eut lieu au bout de quelques jours. Le général Latour-Maubourg avait été choisi d’un commun