Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/77

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la lire. Il invoqua aussi, pour prouver la puérilité de certaines vengeances, le souvenir de Shéridan qui, condamné par le parlement anglais à faire amende honorable et forcé de se mettre à genoux, dit en se relevant et en s’essuyant le genou : « Je n’ai jamais vu de chambre aussi sale. »

Mais il y avait parti pris de la part de la majorité, dont M. Persil, avec son âprêté ordinaire, s’était fait le champion et l’orateur. Comme il parlait, un éclat de rire se fait entendre aux extrémités de la Chambre. « Vos rires sont scandaleux, » s’écrie M. Persil avec colère et l’œil fixé sur les derniers bancs de la gauche. « Vous êtes un insolent, » réplique M. Dupont (de l’Eure). Il s’élève à ces mots un effroyable tumulte. Plusieurs députés sont debout. Le président rappelle à l’ordre Dupont (de l’Eure). Qu’on nous y rappelle tous s’écrient à l’envi la plupart des membres de l’Opposition. Alors, d’une voix ferme : « Messieurs, dit Dupont (de l’Eure), je professe la plus grande tolérance pour toutes les opinions, mais je réclame le même droit pour les miennes. Je déclare donc à M. Persil que toutes les fois que, se tournant vers moi, il traitera de scandaleux mon rire ou mes paroles, quand je n’ai ni ri, ni parlé, je dirai qu’il est un insolent. » Ce fut sous l’impression de ces débats violents que le scrutin s’ouvrit. Avant et après l’appel nominal, quarante-cinq membres déclarèrent qu’ils étaient résolus à se récuser ou à s’abstenir[1]. De ce nombre, M. Viennet, qui avait

  1. Ce furent MM. Anglade, d’Argenson, Audry de Puyraveau, Auguis, Bastide d’Isard, Bavoux, B~rard, Bertrand, Boudet, Briqueville,