Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/85

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le 6 août 1830, n’avait pas craint de faire donation à ses enfants de ses biens, qu’il voulait soustraire au domaine de l’État, et l’on s’étonnait que le droit d’enregistrement, payable d’avance aux termes de la loi, ne se trouvât pas, après trois ans, payé d’une manière intégrale. Le souvenir de la forêt de Breteuil vendue au roi par M. Laffitte fut aussi évoqué. Mais on dirigea contre le roi, à ce sujet, une accusation aussi injuste que mensongère : on prétendit que, pour frauder l’enregistrement, il n’avait porté qu’à 6 millions, dans l’acte de vente, ce qui en réalité lui en avait coûté 10. L’allégation était fausse[1] : elle passa pour vraie dans l’esprit des hommes prévenus ; les attaques redoublèrent de vivacité ; plus que jamais on parla de Kœsner, de ce vide de plusieurs millions qu’il avait laissé dans le trésor, et du mystère dans lequel on avait permis que cette honteuse affaire restât ensevelie ; on se demanda s’il était possible qu’à l’insu du baron Louis, ministre des finances, M. Kœsner eût risqué l’argent de tous dans les impurs tripotages de la Bourse et entretenu avec les agents de change des relations patentes, cyniques, journalières ; on alla jusqu’à étendre, plus qu’il n’était permis de le faire ouvertement, une responsabilité que M. Martin (Nord) avait concentrée tout entière sur la tête de M. Kœsner, dans un rapport qui fut le commencement de sa fortune politique. Enfin, l’on fit revivre tout ce qui, depuis 1830, se liait à des manœuvres de corruption, à des scandales de cupidité.

Un événement imprévu vint ajouter à ce débor-

  1. Nous nous sommes fait montrer l’acte de vente.