Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/86

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dément d’accusations. Un jour, sur la façade de la maison qui avait servi de quartier général à la révolution de juillet, ces mots parurent aux yeux du passant étonné : mise en vente de l’hôtel Laffitte. Il était donc ruiné, celui qui avait couronné roi le duc d’Orléans, celui qui, pour en venir là, n’avait pas hésité à jouer dans les péripéties d’une crise inévitable une existence si long-temps digne d’envie, celui qui, plus tard, pour consolider son ouvrage, avait consenti à tenir les rènes du gouvernement au milieu de la tempête, abandonnant ainsi le soin de ses propres affaires et faisant à sa royale créature le double sacrifice de sa popularité engagée dans les combats de la rue et de ses intérêts financiers mis en quelque sorte à la merci du hasard ! Tel fut le cri qui s’échappa soudain de toutes les bouches, lorsqu’on sut que peu de temps après l’avénement de Louis-Philippe et à quelques pas du château des Tuileries, des affiches portaient : mise en vente de l’hôtel Laffitte ! Les ennemis du roi en prirent texte pour l’accuser d’ingratitude, et ils le firent, avec cette joie secrète et cette indignation bruyante qu’on puise dans les torts ou les imprudences d’un ennemi. De leur côté, les partisans de Louis-Philippe s’évertuèrent, pour mieux absoudre le monarque, à noircir son ancien ami, auquel ils déclarèrent, dès ce moment, une odieuse guerre de mensonges. Ils prétendirent que, lorsque la révolution de juillet éclata, la maison Laffitte chancelait sur ses bases mal assurées ; que l’origine des embarras de M. Laffitte était dans les spéculations qu’il avait faites sur le 5 p. % ; que, loin de s’être montré ingrat à