recueillir les souscriptions et l’on nomma M. Nitot trésorier. Cet élan inquiéta la Cour. Car, aux yeux des uns, M. Laffitte ruiné représentait la révolution de juillet trahie ; et, chez d’autres, le dévoûment à M. Laffitte n’était que de la haine à l’égard du roi. Dans la plupart des journaux de l’Opposition, le mot ingratitude avait été prononcé, sans égard pour la majesté royale. Pour faire tomber cette accusation, les hommes du château s’adressèrent à M. Laffitte lui-même. Ils lui firent savoir qu’ils étaient prêts à souscrire et à faire souscrire pour lui tous leurs amis, si, dans une lettre publique, il consentait à se déclarer entièrement étranger aux attaques dirigées contre le monarque. C’était lui demander la déclaration de ce qui était vrai. Il n’hésita point, et fit même plus qu’on n’attendait de sa loyauté. Passant noblement sous silence les grands services qu’il avait rendus au roi, pour ne parler que des services, très controversables, que le roi lui avait rendus, il adressa aux hommes du château une lettre dans laquelle il se reconnaissait l’obligé de Louis-Philippe. Mais, sur ces entrefaites, un député de Marseille, M. Reynard, lui ayant apporté 1 article du Garde National, mentionné plus haut, il retira aussitôt sa déclaration, ne voulant pas qu’on ajoutât à ses biens ce qu’on espérait, enlever à son honneur. Il en résulta que la Cour ne souscrivit point. Lui, cependant, il resta debout sur les débris de sa fortune, après avoir appris, par une expérience amère, ce que gagnent à faire des rois les hommes du peuple. Pendant que ces choses se passaient, le parlement approchait du terme de ses travaux. Il y avait
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