Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/93

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incapables de s’élever à d’aussi hautes pensées. Supprimer le principe électif, ils ne le pouvaient pas, regardant l’élection comme la base de leur puissance ; toucher au principe monarchique, ils ne le voulaient à aucun prix, regardant la monarchie comme un privilége protecteur de leurs priviléges.

Aussi laissa t-on complétement dans l’ombre la face la plus importante du problème. Dans les débats qui s’ouvrirent sur l’organisation départementale, nul ne sut ou n’osa protester contre cette prise de possession de la société par l’anarchie. L’antagonisme de deux principes, essentiellement rivaux, et se disputant l’ordre social comme une proie, ne parut pas un mal assez profond pour qu’on le discutât : on s’abstint même d’en parler !

La discussion roula presque tout entière sur la question de savoir si les conseils d’arrondissement seraient supprimés et feraient place à des conseils cantonnaux.

C’est ce que demandaient MM. Bérard, Lherbette, de Rambuteau, Odilon Barrot. — Des relations journalières, nécessaires, ont créé, disaient-ils, l’être collectif qu’on appelle la commune ; des rapports de voisinage ont créé l’être collectif qu’on appelle le canton. Le canton, qui n’est que la réunion de plusieurs communes contiguës ou très-rapprochées, placées dans des situations analogues, ayant des besoins presque identiques, le canton a, comme la commune, une existence qui lui est propre, des intérêts auxquels il faut une représentation. Pourquoi donc refuser un conseil au canton, lorsqu’on en donne un à l’arron-