Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/140

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surpris, ils descendent dans la cour. Cette occasion tant cherchée par Louis Bonaparte, elle est enfin venue, elle le sollicite, le presse. Lui, tout entier alors à sa mère absente, il lui écrit deux lettres, la première de triomphe, la seconde d’adieu éternel ; il les remet l’une et l’autre à son aide-de-camp, d’une main tremblante et l’œil humide ; puis, ramenant vers son but toutes ses pensées, il va, suivi de ses compagnons, où il croit que le destin l’appelle.

Les soldats du 4e attendaient, formés sur deux lignes se faisant face, et les regards fixés sur le colonel Vaudrey, seul au centre de la cour. Tout-à-coup le prince paraît en uniforme d’officier d’artillerie. Il s’avance d’un pas rapide vers le colonel, et celui-ci le présentant aux troupes : « Soldats, s’écrie-t-il, une grande révolution commence en ce moment. Le neveu de l’Empereur est devant vous. Il vient se mettre à votre tête. Il arrive sur le sol français pour rendre à la France sa gloire et sa liberté. Il s’agit de vaincre ou de mourir pour une grande cause, la cause du peuple. Soldats du 4e régiment d’artillerie, le neveu de l’Empereur peut-il compter sur vous ? » À ces mots, un indescriptible transport s’empare des soldats. Vive l’Empereur ! crie chacun d’eux ; et ils agitent leurs armes, et une clameur immense, prolongée, monte vers le ciel. Profondément ému, Louis Bonaparte fait signe qu’il veut parler : « C’est dans votre régiment que l’Empereur Napoléon, mon oncle, a fait ses premières armes avec vous il s’est illustré au siège de Toulon et c’est votre brave régiment qui, au retour de l’île d’Elbe, lui ouvrit les portes de Grenoble.