Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/32

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dans de tels témoignages de force un assez profond sujet d’étonnement pour le monde ? Aussi, lorsqu’en 1815 on avait vu la France tomber enfin d’épuisement aux pieds d’un roi ramené par un million de soldats étrangers, on l’avait regardée comme une nation finie. Et c’était après quinze ans d’une domination énervante, c’était lorsque, immobile, humiliée, sous le double joug des courtisans et des prêtres, elle paraissait morte à demi, qu’on venait de la voir en 850 se relever tout-à-coup, plus que jamais remplie de jeunesse et de sève, ivre d’audace, le front rayonnant, et prête à fournir une fois encore aux peuples stupéfaits la preuve de son inépuisable vigueur !

En de telles circonstances, un grand homme ayant une dynastie à fonder n’avait, ce semble, qu’une marche à suivre.

Loin d’aspirer à l’anéantissement du génie révolutionnaire et démocratique, il se serait appliqué à le contenir en le dirigeant ; loin de s’en faire un obstacle, il s’en serait fait un appui. Et, après avoir dit à la France « La liberté n’est possible qu’avec la paix. Tenons l’Europe en respect ; mais gardons nous de l’effrayer, et ne la provoquons pas », il aurait dit à l’Europe « Rendez ma dynastie populaire en ne refusant rien à mon pays de ce qui lui est dû légitimement, et résignez-vous à l’honorer dans ma personne. Car la tempête m’appartient, et je puis, d’un signe, donner une secousse aux trônes. » Maître alors de la situation, et pouvant tout : d’une part sur la France au moyen de l’Europe, de l’autre sur l’Europe au