Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/340

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l’invitant à la remplir pour prélever, sur ce qu’il y jetait, une prime scandaleuse. Les machinations des gens d’affaires, surnommés loups-cerviers par M. Dupin leur impunité trop certaine ; les dominateurs de la Bourse courant à la fortune au travers de leurs victimes frappées dans l’ombre ; les actions prises uniquement pour être vendues, et vendues à des prix monstrueux, au moyen de hausses factices ; à la place des travaux publics l’agiotage ; les gros joueurs enrichis, et les actionnaires sérieux soudainement précipités dans la misère ; les concessions livrées argent comptant par des fonctionnaires prévaricateurs ; les compagnies rivales se disputant, par l’ignominie des pots-de-vin, la protection des ministres, des chefs de bureau, des pairs de France, des députés, des hommes de Cour, des principaux commis ; la corruption et son venin partout ; l’amour du gain devenu comme une publique ivresse ; la société enfin transformée en une arène d’agioteurs… voilà ce que le parti démocratique apercevait, voilà ce qu’il dénonçait dans le système des compagnies.

Et, au point de vue industriel, combien leurs actions n’étaient-elles pas ruineuses ! Car enfin, ce que les compagnies dépensent pour l’exécution d’un chemin de fer, il faut qu’un tarif le leur rende et avec usure : l’État retrouve le capital qu’il a dépensé dans les sources de l’impôt élargies, dans les recettes de l’enregistrement, les contributions mobilières, les douanes, les octrois, les passeports, les licences, les contributions foncières. — Les compagnies sont obligées, pour s’indemniser, de lever tribut sur le