Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/374

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appliqua à M. Brindeau, gérant du journal, le minimum de la peine : cent francs d’amende.

Ainsi, une foule de causes diverses concouraient à augmenter l’ébranlement des esprits : actes de corruption électorale hardiment dénoncés, royauté prise à partie, réveil du fanatisme religieux, condamnation morale prononcée par un fonctionnaire du jour contre un fonctionnaire de la veille.

Voilà sous quels auspices s’ouvrit la session de 1839. De retour à Paris, MM. Thiers et Guizot avaient trouvé la coalition debout et prête. La confiance leur revint. Dans le Journal général, dont il avait fait une véritable machine de guerre, M. Duvergier de Hauranne ne cessait d’encourager les timides, de harceler les indifférents. Aux noms de MM. de Rémusat, Piscatory, Étienne, Jaubert, Duchâtel, etc., on eut ajouté volontiers sur la liste de la coalition celui de M. Dupin aîné. Mais lui, tremblant de perdre la présidence de la Chambre, il se renfermait dans une réserve obstinée. M. Duvergier de Hauranne, dans le Journal général, le somma hautement de se prononcer, le menaça, le poursuivit tout fut inutile. M. Dupin attendait.

Enfin le moment vint où les deux armées en présence allaient se mesurer : le 17 décembre 1838 eut lieu la lecture du discours de la Couronne, espèce de harangue insignifiante et vague comme à l’ordinaire, mais qui servait à dessiner le champ de bataille. La coalition eut d’abord le dessous, M. Dupin l’ayant emporté, grâce à l’appui du ministère, sur M. Passy, candidat des coalisés pour la présidence de la Chambre ; mais bientôt la chance tour-