Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/455

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fermé aux Anglais, la presqu’île arabique parcourue et dévastée, les provinces de Bassorah et de Bagdad conviées à la rébellion, les gardiens établis au tombeau du Prophète indignement chassés. Mahmoud adressa cette note violente aux représentants de l’Autriche et de la Russie, déclarant sa patience à bout. Et, sur son ordre, en effet, la flotte ottomane appareilla, tandis que, pour la voir partir, il se tramait épuisé, haletant, jusqu’au kiosque de Scutari.

Avec une ardeur aussi grande, quoique moins farouche, Méhémet-Ali mettait en mouvement la flotte égyptienne. À la nouvelle des agressions réitérées de Hafiz, il n’avait pu contenir ses transports ; et levant vers le ciel sa tête blanchie : « Gloire à Dieu, s’était-il écrié, qui permet à son vieux serviteur de terminer ses travaux par le sort des armes ! » Les instructions qu’il se hâta d’envoyer à son fils respiraient la certitude du triomphe : « À l’arrivée de la présente dépêche, vous attaquerez les troupes de nos adversaires qui sont entrées sur notre territoire, et, après les enavoir chassées, vous marcherez sur leur grande armée, à laquelle vous livrerez bataille. Si, par l’aide de Dieu, la fortune se déclare pour nous, sans passer le défilé de Kulek-Boghaz, vous marcherez droit sur Malatia, Karpout, Orfa et Diarbékir. »

Ce fut le 21 juin (1839) que l’armée d’Ibrahim s’ébranla définitivement pour combattre. Après s’être emparé sans coup férir du village de Mézar, que les cavaliers turcs qui l’occupaient auraient pu aisément défendre et abandonnèrent, le général