Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/48

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pêche sans en avoir le caractère, et que celui-ci devait se borner à lire à M. de Metternich, le cas échéant. On ne voulait pas, en effet, que l’affaire de famille ressemblât à une affaire de Cabinet ; et il avait été convenu que le duc d’Orléans ferait, de sa personne, les frais de la négociation, sauf à être appuyé par l’ambassadeur français si le succès devenait probable. Dans sa lettre, M. Thiers n’avait pas manqué d’énumérer les divers avantages que promettait à l’Autriche l’auguste amitié de la France. Conviction difficile à faire prévaloir dans une Cour où de telles idées réveillaient naturellement de douloureux souvenirs ! Car enfin, Marie-Louise devenant l’épouse du triomphant empereur des Français, n’avait-elle pas été le gage de la protection accordée à l’Autriche vaincue par un soldat inévitable ? Et, en remontant plus haut, n’était-ce pas du sein de l’Allemagne qu’était sortie, pour venir mesurer la distance qui, dans notre pays, sépare un échafaud d’un trône, cette belle et imprudente fille de Marie-Thérèse, cette pauvre femme qu’avait si vite emportée une révolution nécessaire et puissante comme le destin, mais, comme lui, terrible et sans pitié ?

L’accueil que les ducs d’Orléans et de Nemours reçurent à Berlin fut très-gracieux et plus sincère qu’on ne le crut généralement en Europe. Le roi de Prusse était un esprit modéré. Au plaisir d’offenser la France, il préférait l’avantage de se l’attacher en la calmant, et, quoique engagé autrefois contre nous dans une guerre d’extermination il ne partageait, à l’égard du gouvernement français, ni les fiers ressentiments de l’empereur de Russie, ni les