Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/49

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défiances systématiques du vieux diplomate autrichien. Il offrit donc aux deux princes français une hospitalité toute royale. Il n’en fallut pas davantage : ils virent aussitôt se presser sur leurs pas les imitateurs du souverain, foule nombreuse dont la bassesse leur fit cortége.

Eux, cependant, ils avaient soin de se montrer magnifiques, ajoutant à la courtoisie des manières les séductions d’une prodigalité habile. D’un autre côté, pour les hommes qu’avait gagnés, au-delà du Rhin, la contagion héroïque des idées modernes, pour le peuple, que tourmentait un vague besoin de liberté, c’était quelque chose d’émouvant que l’arrivée de deux princes faisant voyager avec eux, en dépit d’eux-mêmes ; la vivante image d’une révolution dont ils avaient bien pu abjurer la politique, mais dont ils étaient forcés, après tout, de porter et d’agiter les couleurs.

De Berlin, ils se rendirent à Vienne. Et là aussi on leur fit un accueil de nature à encourager leur secrète espérance ; là aussi, la foule laissa éclater, à leur vue, une sorte de curiosité passionnée. On raconte, à ce sujet, que M. de Metternich alla jusqu’à dire « Vous avez à Paris des révolutionnaires scélérats, nous avons ici des révolutionnaires niais. »

Le duc de Nemours n’était pas homme à se faire aimer, car il avait un maintien raide à l’excès et des airs dédaigneux. Mais son frère fut charmant. Bientôt on ne s’entretint plus, parmi les dames de Vienne, que de l’amabilité du duc d’Orléans, de sa bonne mine si bien que le parfum de cette