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ORGANISATION

cela qu’il faut porter la main sur un régime qui couve le prolétariat. Si les exigences de l’intérêt personnel méritent qu’on les respecte, que ne les respectez-vous dans la personne de tant de malheureux, serfs de l’industrie et valets d’une manivelle ? Quoi ! l’intérêt personnel est trois fois saint, et je vois dans le milieu social que vous défendez une foule d’hommes qui vivent au jour le jour ; qui, courbés sur d’abrutissants labeurs, n’ont pour dédommagement que la satisfaction de ne pas mourir de faim ; qui s’épuisent à créer des jouissances au partage desquelles on ne les appellera jamais. Ah ! ceux qui comprennent le cœur humain et ne fondent pas leurs théories sur des chimères, les véritables hommes pratiques, ce sont ceux qui savent que, si l’intérêt personnel est respectable chez les uns, il l’est aussi chez les autres. Quel spectacle nous présente aujourd’hui la société ? En haut, c’est une émulation dévorante et déréglée ; en bas, c’est une monotonie de fatigue et de douleur, menaçante et sombre. Est-ce là un état normal ? La réponse est bien simple, et elle est terrible : il n’est personne aujourd’hui qui, en s’endormant, soit bien sûr de ne se pas réveiller dans la tempête ; et la sagesse de nos hommes d’État se réduit à comprendre que les révolutions sont toujours prêtes à frapper à la porte des sociétés.

J’arrive à une autre erreur de M. Michel Chevalier. Il me reproche d’avoir indiqué, comme le terme définitif des sociétés, l’égalité absolue. Ici encore il importe de bien nous entendre. Les hommes