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Page:Blanc - L’Organisation du travail.djvu/148

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ORGANISATION

une plus large part des biens terrestres, perd le droit de maudire l’homme fort qui, aux époques de barbarie, asservissait les faibles en vertu de sa supériorité physique. Et si l’on répond que le talent a besoin d’être stimulé par la récompense, que l’utilité sociale l’exige, je demanderai à mon tour s’il est nécessaire que la récompense soit matérielle, qu’elle s’évalue en richesses ? Est-ce que les hommes vraiment supérieurs n’ont pas toujours cherché et trouvé leur principale récompense dans l’exercice même de leurs facultés ? Si la société eût voulu récompenser Newton, elle n’y eût pas suffi ; il n’y avait pour Newton qu’une récompense équitable : la joie qu’il dut ressentir quand son génie découvrit les lois qui régissent les mondes. Si les besoins sont l’indication que Dieu donne à la société, de ce qu’elle doit à l’individu, les facultés ne sont-elles pas l’indication que Dieu donne à l’individu de ce qu’il doit à la société ? Donc, d’après la loi divine écrite dans l’organisation de chaque homme, une intelligence plus grande suppose une action plus utile, mais non pas une rétribution plus considérable ; et l’inégalité des aptitudes ne saurait logiquement et légitimement aboutir qu’à l’inégalité des devoirs.

M. Michel Chevalier fait observer à ce sujet que dans notre pays les fonctions éminentes sont faiblement rétribuées. Il reconnaît donc que nos théories ne nous placent pas en dehors du mouvement qui emporte la société, et que nous ne sommes pas des utopistes ? Il aurait, au surplus, mauvaise grâce à le prétendre, dans un moment où