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ORGANISATION

deux dans les diverses phases de leur existence de prolétaire ; et, certes, nous savons de quel côté est la plus forte somme de misères. Mais ces infortunes matérielles sur lesquelles on revient souvent, et qui servent de pâture quotidienne aux publications du parti radical, révèlent-elles un état aussi anormal qu’on veut bien le dire, un état dont il faille sortir à tout prix ? Ne sont-elles pas au contraire, à quelques modifications près (bien faits d’une législation plus ou moins parfaite), fatalement inhérentes à l’existence de toutes les sociétés humaines ? Je ne veux pas appeler d’autre argument à la démonstration de cette vérité que celui que vous me fournirez vous-mêmes : Le riche dites-vous, succombe lentement à de mystérieuses blessures, et fléchit peu à peu au sein d’un bonheur apparent, sous le poids d’une commune souffrance.

« Avez-vous songé, en écrivant ces lignes, à la déduction philosophique qui en découlait si naturellement ? vous ne savez en tirer que celle-ci : C’est la misère du pauvre qui fait la douleur du riche. Étrange aberration d’une philosophie matérialiste qui se heurte aux vérités et les change en erreurs ! Non ! ce n’est pas la misère du pauvre qui fait la douleur du riche : l’une est, si l’on peut dire, le commentaire providentiel de l’autre. Ces mystérieuses blessures, comme vous les appelez si bien, sous lesquelles succombe lentement l’opulence, ne vous révèlent-elles pas qu’il ne saurait être donné à aucune organisation humaine de réa-