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DU TRAVAIL.

liser le bonheur matériel, de le réaliser par des moyens purement humains[1] ? »

Y pensez-vous ? Mais avec de pareilles doctrines vous allez droit à la négation de tout progrès ? Car de quel droit affirmeriez-vous que c’est seulement le tiers, le quart, le cinquième du mal qu’il est donné à l’homme de détruire ? Où fixer, sur la route du progrès la limite qu’il est permis l’atteindre et qu’il n’est pas permis de dépasser ?

Croyez-vous au progrès, oui ou non ? Dans le premier cas, je vous défie d’en assigner les bornes. Dans le second, je n’ai plus à discuter avec vous.

On accuse de presque tous nos maux la corruption de la nature humaine : il faudrait en accuser le vice des institutions sociales. Regardez autour de vous : que d’aptitudes déplacées et par conséquent dépravées ! Que d’activités devenues turbulentes, faute d’avoir trouvé leur but légitime et naturel. On force nos passions à traverser un milieu impur ; elles s’y altèrent : qu’y a-t-il de surprenant à cela ? Qu’on place un homme sain dans une atmosphère empestée, il y respirera la mort.

« Notre nature, a dit M. Guizot, porte en elle-même un mal qui échappe à tout effort humain. Le désordre est en nous. La souffrance inégale-

  1. Globe, 15 mars 1841.