ment répartie, est dans les lois providentielles de notre destinée[1]. »
Voilà donc leur philosophie ! philosophie désespérante s’il en fut, mais, du reste bien appropriée à un régime qui consacre les angoisses de la foule.
Eh bien ! voici le problème à résoudre dans un pareil régime : comment persuader à cette foule immense qu’on dit destinée à souffrir, à souffrir sans consolation, à souffrir sans espoir, à souffrir en vertu des lois de la Providence ; comment lui persuader qu’elle doit croire, en effet, et se résigner à la fatalité de son destin ? Comment conjurer son désespoir ? Quelle barrière opposer à l’ardeur des désirs inassouvis qui s’élèvent dans son sein ?
Dans les sociétés antiques, ceux qui souffraient sans espoir, c’étaient des esclaves.
L’esclavage détruit, que fit le catholicisme ? Pour forcer le peuple, qu’il ne voulait pas émanciper, à se contenter de son sort, il remplaça le fatalisme antique par le dogme fameux de la souffrance méritoire ; il cria aux malheureux : Souffrez sans vous plaindre, car la souffrance est sainte ; souffrez avec joie, car Dieu garde à vos douleurs de célestes et ineffables dédommagements.
- ↑ Revue française, no de 1838.