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Page:Blanc - L’Organisation du travail.djvu/188

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ORGANISATION

vivre, depuis le commencement du jour jusqu’à son déclin ; que son existence, entièrement employée à d’abrutissants travaux, ne lui laisse pas le loisir de penser qu’il est homme : la sécurité des heureux du monde ne pourra plus être troublée.

Rêverie et folie que tout cela ! Le moyen ne serait pas seulement barbare : dans le régime actuel, il serait absurde.

Pour que le travail fût un frein, au moins faudrait-il que le travail ne fit jamais défaut à ceux qu’il doit contenir. Or, nous avons prouvé que la concurrence illimitée avait pour résultat nécessaire de laisser un grand nombre de travailleurs inoccupés et affamés.

Un jour, la seconde ville du royaume vit des milliers d’ouvriers sortir de leurs ateliers, l’œil ardent et le fusil à la main ; un drapeau fut déployé sur la place publique, et sur ce drapeau on lisait : Vivre en travaillant, ou mourir en combattant. Ce jour-là, les ouvriers lyonnais avaient manqué probablement du frein moral de M. Guizot !

Trouver un frein moral dans un système qui le rend absolument nécessaire, voilà donc une des impossibilités du régime actuel ; voilà un des problèmes qu’il faut absolument résoudre, et que nous posons dans l’intérêt du riche comme du pauvre, du fort comme du faible, de ceux qui jouissent comme de ceux qui souffrent. Car, nous